Une personnalité attachante
Plusieurs communautés d’artisans et de commerçants ont imprimé leur vie de labeur dans la mémoire des lieux. "En suivant Yann, le Roi des Chiffonniers", le patrimoine livre ses secrets. Sur les berges du Jaudy, resurgit le souvenir des voiliers qui faisaient prospérer la ville. L’été, le jardin du presbytère, avec ses carrés de plantes et ses animations sur le travail du lin, fait refleurir le passé linicole du pays.
La cité est construite au XIe siècle sur un promontoire rocheux surplombant l'estuaire du Jaudy, par Derrien, fils du Comte de Penthièvre. Celui-ci édifia un château fort pour contrôler le passage sur la rivière maritime. Le château, soumis aux pillages et sièges liés aux guerres de succession, fut plusieurs fois rasé. Charles de Blois y fut blessé et fait prisonnier par les Anglais lors de la célèbre bataille de La Roche-Derrien en 1347. L’église Sainte-Catherine, du XIIIe siècle, fortifiée, arbore un beau vitrail rappelant sa capture.
Les vestiges du Moyen Âge content le passé historique de la ville : ancienne porte de la maladrerie, place du pilori, venelle des Anglais, venelle d’Argent. La rue de la Fontaine garde la trace des anciens commerces avec ses fenêtres à échoppes. La ville se divise en deux. La basse ville dite du "bas-du-pont" est celle des chiffonniers, véritable "colonie" colorée, et celle des couvreurs, qui perpétuaient un langage spécifique, "le tunodo". La ville haute, autour de la place du Martray, abrite des maisons bourgeoises en pans de bois des XVe, XVIe et XVIIe siècles. Le port, l’un des plus anciens de la côte nord, devait son importance au trafic de sel et de vin, et plus tard au transport des ardoises, extraites des carrières locales.
La cité prospère jusqu’au milieu du XXe siècle, grâce à ses commerces, ses artisans, ses ardoisières et son activité liée au lin. La Roche-Derrien a été surnommée "Kapital Stoup", capitale des teilleurs de lin. Cette appellation résonne encore dans le Trégor. Ici, l’histoire prend un caractère festif lors des brocantes, de la fête annuelle et de la fête médiévale.